COURS : Les causes du chômage et les politiques de l’emploi
Le chômage, nous en avons déjà parlé dans une précédente leçon, mais cette fois nous envisageons aussi les politiques conjoncturelles visant à limiter le chômage (politiques actives) ou ses conséquences sociales (politiques passives), c’est donc l’occasion de réaliser le quizz consacré.
Cas pratique : le chômage de longue durée
Méthode : le développement structuré sur les causes du chômage
Cas pratique : le chômage structurel
L’éco et moi : la résolution de Théo
Théo m’avait fait des confidences sur la situation de son père, en retour je lui ai parlé des difficultés du mien dans son projet d’extension d’activité de la librairie. Si le père de Théo était prêt à offrir son travail, mon père, lui, allait certainement finir par devoir embaucher.
« Alors peut-être que ton père va pouvoir recourir aux services du mien ?
– Avec le coût des charges sociales, il ne pourra pas proposer beaucoup plus que le SMIC tu sais, le petit commerce ne roule pas sur l’or. »
Un gros soupir remonta des lèvres de Théo, « Après on s’étonne de ce que le taux d’emploi en France soit plus faible qu’ailleurs.
– C’est pas non plus anormal, ton père peut prétendre à bien plus que le SMIC et avec des responsabilités, pourquoi accepterait-il un emploi subalterne dans une librairie ?
– Parce qu’il ne va pas forcément retrouver un poste de cadre, et puis cela fait longtemps maintenant qu’il est au chômage. Son Allocation de retour à l’emploi (ARE) est dégressive et dépend de ce qu’il percevait en activité sur les 2 dernières années. Mais au bout de 2 ans, il va se retrouver en Allocation de solidarité spécifique (ASS) à 17,9 € par jour, puis au RSA, là il sera prêt à travailler avec ton père s’il veut bien l’embaucher !
– T’en fais pas va, il trouvera bien un bon boulot avant, d’autant que la croissance va revenir», insistais-je pour rassurer un peu Théo qui prenait très à cœur la situation de son père.
J’en avais un peu assez de cette conversation qui nous plombe et je n’avais pas non plus envie de prendre des engagements pour mon père, il n’était pas obligé d’embaucher tous les chômeurs de longue durée, qui sont en pourcentage bien plus important en France que dans les autres pays de l’OCDE. Alors même si c’est le père de Théo, un employeur a quand même le droit d’embaucher qui il veut en fonction de ses affinités et de la productivité du salarié. Quand on pense que les qualifications se perdent d’autant plus vite que le chômage dure longtemps, un chômeur de longue durée perd sa productivité et peut coûter plus à son employeur qu’il ne lui rapporte en termes de productivité.
Il me regardait comme s’il devinait ce que je pensais, « T’inquiète pas, je te demande rien, de toute façon dès que j’ai le bac, je trouve un boulot et j’irai vivre chez mon père pour l’aider !
– Tu vas trouver un boulot avec ton bac, et tu crois que cela va aider ton père, non mais t’es pas sérieux là, t’as acquis quoi comme qualification au juste ? »
Là c’était un peu méchant, mais après tout ce n’est pas faux, en supposant que la croissance redémarre qui va donner sa chance à un bachelier dont l’expérience en entreprise se limite à un stage d’une semaine en troisième ? Quant à penser qu’on serait embauché en CDI, alors là on rêve !
« Ouais je trouverai sans doute, je suis prêt à accepter un petit salaire et à faire des heures supplémentaires, à être payé à la pièce si je travaille en usine, à faire de l’intérim, la flexibilité ça me fait pas peur moi !
– Tu vas travailler comme en Chine, j’y crois pas, pour des pas qualifiés les grosses entreprises c’est pas toi qu’elles vont embaucher, elles vont délocaliser, ou encore robotiser les chaînes de montage.
– T’es pas positif du tout, y a quand même des jeunes de 18 ans sur le marché du travail.
– Oui, mais ils ont commencé une formation professionnelle précise pour des métiers en tension comme plombier, ouvriers du bâtiment, employés de restauration …. »
QUESTIONS
1. Distinguez le chômage conjoncturel du chômage structurel.
2. Indiquez le mode de calcul du taux d’emploi en France.
3. Expliquez la hausse du taux d’emploi en France, y compris pour les séniors.
4. Que révèle le taux d’emploi plus faible des moins qualifiés en France par rapport à l’Allemagne ?
5. Caractérisez la population la plus exposée au chômage et notamment celle exposée au chômage de longue durée.
6. Les dispositifs en faveur de l’emploi des chômeurs de très longue durée sont-ils incitatifs ?
7. Que pensez-vous de la résolution de Théo ?
8. Distinguez le traitement actif et passif du chômage.
9. Doit-on contraindre les demandeurs d’emploi de longue durée à reprendre une activité ?
Document 1. Le taux d’emploi en France
Si le taux d’emploi en France est à la hausse depuis 2019, il reste en deçà de la moyenne des taux européens mais dépasse celui des USA en baisse importante depuis l’arrivée au pouvoir de Biden.
Cependant la hausse de l’emploi en France n’a pas permis une hausse proportionnelle de la production et marque donc une baisse de la productivité par tête. Ceci peut s’expliquer par un développement de l’activité à temps partiel.
Tableau 1 : Taux d’emploi en %
Sources et note : Insee, Eurostat, BLS
Il faut aussi distinguer l’évolution du taux d’emploi par âge. Ainsi celui-ci passe à 82 % pour la classe d’âge des 25-49 ans en 2021, mais il augmente aussi de 2,4 points depuis 2019 pour les 15-24 ans, et de 1,7 points pour les 55-64 ans. La tranche des seniors en activité reste la plus faible parmi les pays de l’OCDE mais augmente désormais en France pour passer à 33 %.
Tableau 2 : Taux d’emploi des hommes de 60 à 64 ans
Source : OCDE
À titre de comparaison, il est aussi remarquable que le taux d’emploi des populations les plus faiblement diplômées dans la tranche d’âge 20-64 ans n’est que de 51,6 % en France contre 62,8 % en Allemagne.
Document 2. Que fait Pôle Emploi pour les demandeurs d’emplois de très longue durée ?
Conscients de la déperdition de compétence portant atteinte à l’employabilité des chômeurs de plus de deux ans, Pôle Emploi mise sur leur formation en immersion professionnelle. Ces demandeurs de très longue durée seront convoqués pour un parcours de remobilisation visant à la confiance en soi et au partage d’expérience. Un diagnostic individuel leur permettra de bénéficier d’un programme d’actions individualisé, accompagné et planifié pour un retour à l’emploi ou une formation préalable à l’embauche sous 6 mois.
Les entreprises qui accepteront d’embaucher ces demandeurs d’emplois fragiles dans des contrats de professionnalisation seront aidés, ils pourront bénéficier d’une prime de 8 000 € pour le recrutement d’un demandeur d’emploi de longue durée en alternance.
Document 3. Une corrélation entre le chômage et la formation ?
Points du référentiel : Les politiques actives et les politiques passives de lutte contre le chômage, flexibilité, chômage structurel et conjoncturel.
Le sujet de bac à traiter : politiques de l’emploi en Macronie